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De l'éducation populaire à l'embrigadement !

 

 En juillet 2022, dans le nouveau gouvernement nommé, l’Éducation populaire reste aux abonnés absents des intitulés des portefeuilles. Mais un autre intitulé a fait son entrée fracassante : le SNU (service national universel), sous la coupe d’une secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du SNU à la fois sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et du ministère des armées. Un glissement que combat FO.

La mise à mort de l’Éducation populaire

Après des années de mauvais traitement, l’Education populaire pourrait bien voir son heure sonner avec le rattachement du SNU à la Jeunesse comme le dispositif phare et la tutelle du ministère des armées.

Pour preuve, encore en 2024, des postes sont créés… Pour le seul SNU.

Là où l’Éducation populaire œuvrait pour émanciper la population, construire l’esprit critique et la libre pensée, le SNU se construit autour du lever de drapeau, de l’uniforme, de l’interdiction de débatte de sujets philosophiques ou politiques.

Un pas de plus vers la nucléarisation des services jeunesse et sports

Déjà mis à mal par les réformes successives (RGPP, MAP, réforme territoriale et désintégration à l’Education nationale), les services voient leur charge de travail se décupler (organiser des séjours pour les jeunes en SNU pompe une bonne partie des forces des services) sans pour autant que les renforts annoncés ne permettent d’équilibrer la balance. Les pertes de postes massives de ces  dernières années laissent le secteur bien trop exsangue.

Le budget alloué à la Jeunesse s’avère lui aussi fortement siphonné par ce dispositif carnivore.

Une attaque contre les travailleurs et l’exploitation de la Jeunesse

Le SNU prévoit, dans son second volet, de faire travailler gratuitement des jeunes pendant 12 jours pour des missions comme « la dépollution d’un site, l’entretien d’un littoral, servir des repas à des personnes qui sont dans le besoin, s’occuper de personnes âgées dans des maisons de retraite », missions déjà portées par des salariés ou des bénévoles. Outre l’exploitation honteuse des jeunes, ce volet menace donc les droits des travailleurs.

Le SNU : on n’en veut pas !

Pour toutes ces raisons, FO s’oppose à la mise en place du SNU et à la mise sous tutelle des personnels sous le ministère des armées. Pour défendre l’Éducation populaire, pour un véritable Service public de la Jeunesse et de la vie associative, FO revendique :

  • L’abandon du SNU,
  • Le retrait de la mise sous tutelle du ministère des armées,
  • Le rétablissement d’un ministère de la Jeunesse et des Sports de plein exercice,
  • Des crédits suffisants pour mettre en place les politiques éducatives déjà existantes en matière de Jeunesse, de vie associative et d’Éducation populaire,
  • La création de postes de CEPJ, professeurs de sport, CTPS en nombre suffisant pour combler les pertes de ces dernières années et pour permettre une politique ambitieuse de l’État sur ces sujets,
  • La définition d’une véritable politique d’Éducation populaire, portée par des cadres Jeunesse et Sports.

 

3 ANS APRÈS : bilan de la (dés)intégration de Jeunesse et Sports dans l’Éducation nationale

 

Certaines organisations syndicales ont œuvré pour une fusion entre l’Éducation nationale et Jeunesse et Sports (JS) qui permettait selon eux de créer un « Pôle éducatif ». Face à ces projets mortifères pour les politiques JS, FO a toujours défendu le maintien d’un ministère de plein exercice.

Force est d’avouer que la réalité nous donne raison. Près de 3 ans après la (dés)intégration au ministère de l’Éducation nationale, les personnels JS auraient pu s’attendre à ce que les missions et les
conditions de travail soient bien organisées. C’est loin d’être le cas.

Petit tour d’horizon:

Les politiques Jeunesse et Sports sont-elles portées par le ministère de l’EN ?

La réponse est évidemment non. Dès le départ, l’Éducation nationale a laissé à sa porte une partie des missions, qui restent sous l’autorité des préfets. Les politiques sportives demeurent la dernière roue du carrosse pour le ministère, qui poursuit sa privatisation via l’Agence Nationale du Sport et la diminution des crédits.

Quant aux politiques d’Éducation populaire, elles se résument dans la bouche du ministre au Service National Universel. On est bien loin de l’Éducation populaire !

Que dire du nombre de postes perdus dans l’opération de transfert, après plusieurs années de dépouillement en règle ? Les agents n’ont plus les moyens de remplir leurs missions. Faire plus de travail en étant toujours moins nombreux, c’est impossible !

Des conditions de travail facilitées ?

Pas vraiment. Les délégations de signature ont mis plusieurs mois à être mises en place, signe du grand manque de préparation mais surtout de méconnaissance des missions JS par les secrétariats généraux des services déconcentrés.

Les collègues devraient-ils se satisfaire d’avoir enfin obtenu des ordinateurs portables ou de voir le ménage fait dans leurs bureaux ? Non !

Leur quotidien de travail ne se satisfait pas de ces éléments basiques, les spécificités de leurs missions et les positions administratives exotiques dans lesquelles on les a mis rendent leur travail impossible. Les exemples sont nombreux : travail en commun rendu compliqué par l’absence d’annuaire JS régional, réduction drastique du nombre de véhicules de service, gestion des frais de déplacement « oubliée », déménagements intempestifs, fermetures estivales en pleine campagne d’été des accueils collectifs de mineurs, etc.

Les droits des agents préservés ?

On est loin du compte ! Les personnels techniques et pédagogiques, gérés par le rectorat de région académique, ne peuvent pas accéder à l’intranet de la région académique dès lors qu’ils ne sont pas dans l’académie. De fait, ils sont dans l’impossibilité de déposer des jours de congés. Pour l’instant, les personnels se débrouillent avec des tableaux Excel créés par eux-mêmes, en prenant comme base les jours de congés qu’ils ont eu la présence d’esprit de recopier avant la clôture de Casper (logiciel auparavant utilisé pour la gestion du temps de travail des personnels JS). L’administration n’a d’ailleurs toujours pas communiqué les règlements intérieurs dont dépendent les agents, ni leurs droits à l’action sociale.

Les agents Jeunesse et Sports toujours moins écoutés

Depuis la (dés)intégration de Jeunesse et Sports à l’Éducation Nationale, les agents ne savent plus où chercher les informations.
Les académies se renvoient la balle et les laissent sur le carreau dès lors qu’une question un peu pointue leur est posée.
Lorsque nous tentons de défendre les collègues lors d’audiences auprès des Recteurs, ceux-ci nous répondent en soupirant « il faudrait que ces collègues comprennent qu’ils ont intégré l’Éducation nationale ». Et eux, le comprennent-ils ? Les prennent-ils en compte ?

Non. Et la meilleure illustration de ce phénomène, c’est l’instance qui est censée représenter les personnels JS en région académique : le CSA SA de l’académie du chef-lieu de région. Autant dire que dès lors qu’il s’agit de traiter des questions qui sortent de l’académie chef-lieu, il n’y a plus personne. Les personnels en dehors de ces académies, pourtant censés être défendus dans ces instances, n’ont pas le droit à l’information. À l’heure qu’il est, l’administration nous refuse toujours des listes d’envoi régionales pour informer les collègues, communiquer avec eux et porter leurs revendications.

Pour refuser de s’occuper des agents JS, l’administration a donc trouvé la parade ultime : les éloigner des instances de représentation. Le SPASEEN-FO revendique la création d’instances dans chaque académie pour permettre aux personnels d’être écoutés et défendus comme il se doit.

Pour refuser de s’occuper des agents JS, l’administration a donc trouvé la parade ultime : les éloigner des instances de représentation. Le SPASEEN-FO revendique la création d’instances dans chaque académie pour permettre aux personnels d’être écoutés et défendus comme il se doit.